Avis sur le film Beau is Afraid (2023) par Clampy (2024)

Je vais essayer de faire court, mais comme toujours je risque de m'emporter...

(Attention, je vais spoiler quelques élements importants du film)

Et donc, Ari Aster est devenu un de mes réalisateurs fétiches de ces dernières années. Hérédité et Midommar faisant partie de ces films qui m'auront profondément marqué, et dans lesquels Aster a déjà marqué le monde du cinéma de sa patte particulière, que ce soit pour ses visuels (les maquettes, l'architecture, son usage des corps abîmés et du gore), thématiques (l'aspect psychologique, les traumatismes) et ambiances pensantes à souhait.

J'étais donc très curieux de voir ce qu'allait être ce fameux Beau is Afraid, vendu comme une comédie horrifique de 4h à la toute base.

Et quand la bande-annonce était arrivé, j'étais complètement paumé, mais totalement embarqué, tout en confiance envers ce réalisateur talentueux.

Mais si le film m'a fait forte impression dans ses débuts, et que j'ai énormément apprécié le fait d'aller voir un film en étant complètement perdu et ne pas savoir du tout à quoi m'attendre, ses nombreux changements de tons et sa narration complètement non-conventionnelle a eu du mal à me convaincre du long de ses 3h de film...

Rapidement, la première partie m'a bluffé, elle plante bien le décors : Tout est exacerbé pour nous faire ressentir l'état d'anxiété permanente de Beau. La peur des gens, des accidents, de l'extérieur, de l'invasion de son intimité, la peur d'un appel à passer, d'une discussion à avoir... La peur de tout en fait !

Absolument tout ce que l'on voit est potentiellement source d'angoisse et de traumatisme. Et l'absurdité de certaines situations fonctionne à merveille pour donner au film un ton vraiment particulier que j'ai adoré.

Mais dès le début de la deuxième partie, j'ai vite été perdu.

Car j'ai complètement perdu le fil de l'histoire, qui jusque là semblait quand même claire (Beau doit surmonter toute ses angoisses pour aller retrouver sa mère, tout en travaillant sur lui même surement en chemin).

On comprend vite que les poncifs narratifs habituels nous seront épargnés, et qu'on va devoir surinterpréter la moindre chose qu'il se passera, la moindre rencontre etc...

Et du coup, j'ai de suite eu beaucoup plus de mal à vouloir suivre l'histoire de Beau. Tant il est perdu dans ce qui lui arrive, tout comme le spectateur. Je suppose que c'est voulu par Aster, mais ça n'a pas fonctionné pour moi.

Surtout que la première partie semblait un minimum crédible, c'était juste un ton volontairement burlesque avant tout pour accentuer les choses ressentis par Beau. Mais tout le reste du film, c'est tellement irréel que je n'arrivais plus à être intéressé.

S'en suit cet interminable 3ème partie dans la forêt, et cette horrible représentation théâtrale, teinté d'animation expérimentale en tout genre, sans queue ni tête, qui n'apporte selon moi rien (ou quasiment rien) au personnage ou aux thématiques (rien d'autre qu'une certaine angoisse sur son avenir quoi).

Enfin, la dernière partie arrive, et j'ai cru voir un peu de lumière, en me disant "AH, mais oui, le film en fait venait nous emmener ici depuis le début !".

Beau confronte une de ses peurs de toujours, sa mère. Et la scène est violente, autant psychologiquement que physiquement. On a l'impression que l'intrigue du film se relance totalement à coup de plot twist.

Le mieux (le pire ?), c'est qu'alors que je n'attendais plus grand chose du film, une scène va me donner la chaire de poule, la même que lors des moments les plus puissants de ces précédents films. Je me dis, wahou, on y est, le coeur du film, l'angoisse ultime de Beau.

Mais tout est immédiatement désamorcé par une... Créature complètement loufoque, sortie de nulle part. (ceux qui ont vu le film sauront)

Reste alors la scène finale, qui m'a complètement perdu pour de bon. Pour en plus terminer le film de manière complètement abrupte, sans aucune réponse, aucune réelle conclusion.

Je ne sais pas trop quoi penser au final de ce film.

C'était long, c'était génial, c'était chiant, c'était jouissif, c'était pompeux. Mais j'arrivais malgré tout à reconnaître le cinéma de Ari Aster à travers tout ce bordel (ses cadrages, son ambiance pesante, son goût particulier pour la décapitation...), et du coup, je n'arrive pas à bouder le film.

J'ai eu un peu le même arrière goût qu'après mon visionnage du film Annette, par son côté ultra théâtral, et c'est pas une bonne chose venant de ma bouche.

Ari Aster a profité de sa notoriété grimpante pour proposer un film où tout ces délires et idées les plus dingues sont là, et tant mieux pour lui. Mais je doute que ça fonctionne en dehors d'un public très éduqué et intellectuel.

J'ai tout de même hâte de voir la suite de sa carrière, en espérant qu'il revienne un peu plus sur des films à la narration un peu plus digeste, tout en excellent dans ce qui fait la saveur si particulière de son cinéma.

Avis sur le film Beau is Afraid (2023) par Clampy (2024)
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Author: Moshe Kshlerin

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